Les Trois Joyaux, réceptacles de la magie la plus puissante d’Ivënshyre, se présentent sous la forme d’un trio de pierres précieuses : le diamant Yëwir, le saphir Nëmëhilde et le rubis Oris. Mais ces roches ne sont pas de simples objets inertes. Retour sur la portée symbolique qu’elles revêtirent à travers les âges.
![Tableau, Fantasy - John William Waterhouse, La Dame de Shalott](https://static.wixstatic.com/media/5f3d68_02cab7263af74234b63f6480b5f28dd5~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_768,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/5f3d68_02cab7263af74234b63f6480b5f28dd5~mv2.jpg)
Le terme de "gemmes" désigne des substances minérales offrant une dureté, un éclat et une rareté qui leur confèrent une valeur particulière. Parmi elles, les pierres dites précieuses sont au nombre de quatre : le rubis, le saphir, l’émeraude et le diamant.
L’association mythique entre les minéraux et l’énergie magique s’explique en partie par leur origine souterraine. Issus de la Terre et de la nature, ils s’imprégneraient des forces renfermées dans ces dernières. La permanence et l’immuabilité du monde minéral, insensible à l’écoulement du temps, les nimbent d’un aspect mystérieux. Les pierres les plus dures et inaltérables se distinguaient de leur environnement naturel. Elles se virent ainsi associées à certains pouvoirs surnaturels, à des vertus magiques. Les qualités bénéfiques dont la croyance les gratifiait étaient censées pouvoir être transmises à l’homme, par le contact avec la peau, l’absorption de poudre de pierre sous forme de potions… Dès la préhistoire, elles furent rattachées à des rites de protection et considérées comme porteuses de bonheur, de santé et de richesse. Elles firent partie des premières monnaies d’échange régulières entre les nomades du désert et les communautés agraires stables.
La permanence et l’immuabilité du monde minéral, insensible à l’écoulement du temps, les nimbent d’un aspect mystérieux.
Éminentes parmi les gemmes, les pierres précieuses incarnent le prestige. Ainsi, la puissance royale est symbolisée par le diamant, le rubis et le saphir. Mais chacune d’entre elles possède dans l’imaginaire collectif des attributions bien particulières.
Le diamant
![Fantasy, tableau, Grèce antique - John William Waterhouse, Ulysse et les Sirènes](https://static.wixstatic.com/media/5f3d68_35f3913684d947ffa17f0b92183a8934~mv2.jpg/v1/fill/w_841,h_832,al_c,q_85,enc_auto/5f3d68_35f3913684d947ffa17f0b92183a8934~mv2.jpg)
Constitué de carbone pur cristallisé, le diamant est le plus dur de tous les minéraux. Son nom vient d’ailleurs du grec adamos, qui signifie « indestructible ». Très rare durant l’Antiquité, le diamant est considéré comme une gemme particulièrement prestigieuse. Sa valeur atteint sa quintessence lorsqu’il se présente sous une forme exempte de tout défaut et absolument incolore.
Dans le langage symbolique, les qualités exceptionnelles du diamant le rattachent notamment à la perfection, à la fidélité, à l’incorruptibilité ou encore à la solidité. Ainsi, dans l’Énéide de Virgile (Ier s. av. notre Ère), l’inviolable porte du Tartare, le séjour des morts, est faite de diamant. Ce minéral octroierait force, courage et invincibilité. Il reprend également certaines propriétés de la couleur blanche, notamment la pureté. On lui prête le pouvoir d’absorber les émotions néfastes et de purifier l’âme de son porteur. De plus, le diamant détiendrait des pouvoirs de protection : Pline l’Ancien (Ier s. de notre Ère) en faisait un talisman préservant des poisons et des maladies. Cette précieuse pierre éloignerait les animaux sauvages, mais aussi les sinistres apparitions telles que les fantômes ou les sorcières. Mais attention : pour que ce minéral soit synonyme de bénéfices, il doit être d’une pureté et d’une limpidité totales. Les diamants de couleur jaune, rose ou noire peuvent s’assombrir d’une connotation maléfique.
![François Gérard, "Portrait de Marie Louise d'Autriche, impératrice des Français", après 1812.](https://static.wixstatic.com/media/5f3d68_48468baee651407f8c9898fba6dc7eb2~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_1560,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/5f3d68_48468baee651407f8c9898fba6dc7eb2~mv2.jpg)
Sur le portrait ci-dessus, l'impératrice Marie-Louise porte un collier de diamants offert par son époux Napoléon.
Le rubis
![Fantasy, tableau, légende du roi Athur - Tristan et Yseult, Edmund Blair Leighton, The End of the Song](https://static.wixstatic.com/media/5f3d68_1b16ff41ae8f45eea227e358038f6168~mv2.jpg/v1/fill/w_926,h_821,al_c,q_85,enc_auto/5f3d68_1b16ff41ae8f45eea227e358038f6168~mv2.jpg)
Le rubis tient son nom du latin rubeus, qui signifie « roux » ou rouge ». Cette pierre précieuse, très rare et onéreuse, est une variété de corindon (oxyde d’aluminium). Elle se caractérise par sa dureté et par sa couleur, qui peut aller du rose clair au rouge foncé. Les rubis les plus prestigieux sont ceux qui revêtent une parfaite limpidité et une teinte à la fois lumineuse et profonde.
Synonyme d’amour passionnel, le rubis est lié par sa couleur à la symbolique du rouge, du feu et du sang. Il est réputé apporter des bienfaits corporels. Ainsi, il guérirait de la surdité, renforcerait la mémoire, protégerait des poisons et de la peste... Lors des combats, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire (XVe siècle) arborait ainsi sur son couvre-chef un chapelet de rubis censé le préserver des blessures. Cette dimension protectrice se retrouve dans l’attribution au rubis du pouvoir d’écarter les serpents et les araignées. Il octroierait également de la vigueur aux muscles. En effet, il incarne l’ardeur, la force, le courage et la vitalité. La croyance gréco-romaine associait la décoloration de ces pierres à un mauvais présage. Certains rois portaient d’ailleurs des rubis présumés s’assombrir à l’approche d’un danger. Cette pierre précieuse était enfin rattachée à la puissance et à la victoire : elle était dédiée à d’illustres divinités, telles qu’Apollon en Grèce et Mars à Rome, et dans la mythologie germanique, l’épée du héros Siegfried s’ornait de rubis.
La croyance gréco-romaine associait la décoloration de ces pierres à un mauvais présage.
![Fantasy, tableau, fée - Le portrait d'une fée, Sophie Gengembre Anderson, Take the Fair Face of Woman](https://static.wixstatic.com/media/5f3d68_4f2662e412e94efd98ea8c789b8fb0b7~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_1376,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/5f3d68_4f2662e412e94efd98ea8c789b8fb0b7~mv2.jpg)
Le plus gros rubis connu du monde est celui qui se dresse sur la couronne de Catherine II de Russie, visible sur le portrait précédent.
Le saphir
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Comme le rubis, le saphir est une variété de corindon. C’est le mot hébreu sappir, la « chose la plus belle », qui constitue l’origine de son nom. Il peut afficher des couleurs allant du jaune au vert en passant par le violet, mais c’est la couleur bleue qui est la plus recherchée. Le saphir est une pierre précieuse bien plus répandue que le rubis.
Le saphir est chargé de symbolisme. Il évoque l’harmonie céleste, la paix et la vérité. La tradition hindoue le rattache au contrôle de soi, tandis que les prêtres médiévaux lui attribuaient le pouvoir de freiner les désirs amoureux. Afin de contrer ces derniers, ils portaient souvent une bague de saphir à leur doigt. La pierre précieuse bleue est aussi associée à la faculté de repousser le mal et de guérison. Ainsi, les médecins grecs Dioscoride (Ier s. de notre Ère) et Galien (129-201) la croyaient dotée de vertus particulières. Le premier affirmait que cette gemme était capable de soigner les ulcères d’estomac ; quant au second, il prétendait que mis en bouche, le saphir prémunissait des piqûres de scorpion.
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On peut voir, sur le tableau ci-dessus, la parure de saphirs de l’impératrice Joséphine.
L'émeraude
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Enfin, la dernière pierre précieuse est l'émeraude, du grec smaragdos, qui signifie « pierre verte ». Il s’agit d’une variété de béryl vert foncé. L’intensité de la couleur et la transparence définissent sa valeur. Exploitée depuis l'Antiquité, l’émeraude était très prisée à Rome.
La couleur verte de l’émeraude évoque des symboles divers tels que l’espoir, la fertilité, le printemps, l’immortalité ou encore la jeunesse. Dans l’Égypte ancienne, elle était placée dans les tombeaux, car elle symbolisait la jeunesse éternelle. Les Romains prêtaient de leur côté de nombreuses vertus thérapeutiques à l’émeraude. Ils lui attribuaient notamment le pouvoir d’assurer de bonnes récoltes. Symbole d'amour à Rome, cette pierre était l'attribut de Vesta et de Vénus. L’émeraude se révélait également importante dans l’Amérique précolombienne. L'Inca la portait comme signe de sa souveraineté, et elle était offerte en offrande afin d’assurer la chasteté des jeunes filles et la fidélité des épouses. Cette gemme verte était ainsi réputée protéger la famille. Dans la religion chrétienne, elle est associée à la foi. C’est également une pierre de guérison. Elle représente aussi, dans une moindre mesure que le diamant, la fidélité.
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La reine Victoria porte sur la précédente image une parure constituée d’émeraudes.
La dureté et la vivacité de leur teinte les rattachent souvent à un archétype dans l'inconscient collectif.
Les pierres précieuses sont ainsi chargées de symbolisme et de vertus fabuleuses. Leur dureté et la vivacité de leur teinte les rattachent souvent à un archétype dans l'inconscient collectif. Sur Ivënshyre, les Trois Joyaux reprennent également cette portée symbolique, mais ils renferment également la magie la plus puissante de cette terre fantastique. Ils sont liés aux Trois Éléments. Le premier Joyau est Yëwir, la Pierre de l’Air, le diamant sans défaut, également appelé le Cœur Pur. Nëmëhilde est le second, le Saphir de l’Eau, également nommé la Pierre des Rois. Enfin, le troisième et dernier Joyau est Oris le Rouge, qui naquit du feu, tristement surnommé la Pierre Ensanglantée. Quiconque possèderait les Trois Joyaux deviendrait le maître du monde, invincible et invulnérable. Mais ceci est une autre histoire…
Pour en savoir plus :
COUTY René, GAUTIER Yves, SCHUBNEL Henri-Jean, « DIAMANT » in Encyclopædia Universalis (en ligne), consulté le 14/07/2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/diamant/
GARDIN Nanon (dir.), OLORENSHAW Robert (dir.), Petit Larousse des symboles, Paris : Larousse, 2006
GAUTIER Yves, « ÉMERAUDE » in Encyclopædia Universalis (en ligne), consulté le 14/07/2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/emeraude/
GAUTIER Yves, « RUBIS » in Encyclopædia Universalis (en ligne), consulté le 14/07/2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rubis/
GAUTIER Yves, « SAPHIR » in Encyclopædia Universalis (en ligne), consulté le 14/07/2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/saphir/
METCALF Jonatha (dir.), Petit Larousse illustré des symboles et des signes, Paris : Larousse, 2013
POIROT Jean-Paul, Henri-Jean SCHUBNEL, « GEMMES » in Encyclopædia Universalis (en ligne), consulté le 14 juillet 2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/gemmes/
PONT-HUMBERT Catherine, Dictionnaire des symboles, des rites et des croyances, Paris : Jean-Claude Lattès, 1995
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