Le compte Twitter d’Ivënshyre participe fréquemment au Jeu des Micronouvelles. Une nouvelle image est dévoilée chaque jour, servant de source d’inspiration pour créer un court récit. L’article qui suit regroupe toutes les micro-nouvelles créées par l’auteure EYED à cette occasion.
Il avançait dans le désert, luttant contre un océan de poussière, noyé dans cette éternelle nuit qui submergeait la terre depuis la mort du soleil. Dans sa main scintillait la Flamme, fragile lueur d'espoir. Elle seule pouvait rétablir la lumière.
Les passagers du navire se penchèrent avidement vers l’eau turquoise. Il gisait là, squelette rouillé et dévoré par les algues, étrange vestige de l’époque révolue où les hommes pouvaient tutoyer le ciel, avant que le Grand Cataclysme emporte tout.
Dans la claire obscurité
Elle emportait les derniers vœux,
Gondole au batelier de poussière,
Pour les livrer au feu follet des marais.
Glissant sur les noirs flots crépusculaires,
Perdue dans un brouillard de feu,
Elle s’enfuyait à jamais.
Guidé par le corbeau, il quitta la frêle masse des sapins, alignés là en soldats juvéniles et disciplinés. Devant lui s’étendait la sauvage splendeur de la véritable forêt. Elle déployait son mystère indomptable, défiant l’emprise enfiévrée des humains.
Soudain, l’air se figea. Un souffle glacé submergea la ruelle enténébrée par la nuit, pétrifiant les surfaces sous une fine couche de gel. La lueur dorée des lampadaires se teinta d’un bleu plus froid que la mort. Dans l’obscurité, une ombre s’esquissa.
Au loin, le Mont Sacré se couronnait de neiges éternelles. Le sorcier lança un regard sardonique à la foule qui convergeait vers ce temple minéral, les bras chargés de fleurs. La pâleur de son bouquet empoisonné évoquait un suaire dans cette mer de couleurs.
Des dizaines d’empreintes plus sombres que l'abysse maculaient la blancheur des murs. C’étaient celles des enfants agonisants qui avaient tenté de s’enfuir, carbonisés par le funeste sortilège, écorchant le papier dans les derniers soubresauts du désespoir.
Le soleil couchant enlumina la voûte céleste d’or et de mauve, embrasant les collines verdoyantes d’un ultime éclat. Le vagabond s’arrêta un instant pour contempler ce flamboyant déclin du jour. Au loin, la Montagne rutilait d’ombres et de lumières. Il touchait au but.
Les étoiles allumaient dans le ciel nocturne une infinité de lucioles figées. Les lumières de la ville tentaient de s’en faire l’écho. Sur l'autre rive du lac, l’Émissaire de la Mort observait ce reflet bouillonnant de vie. Il allait bientôt frapper et y semer la désolation.
Le sinistre hurlement déchira de nouveau l'air. Le cœur battant à tout rompre, la jeune femme braqua sa lampe vers les ténèbres de la forêt. Mais un souffle patibulaire avait dénaturé la nuit. Les arbres semblaient de ténébreux squelettes perdus dans le suaire du brouillard.
Jaillissant d’un océan de brume, les formations rocheuses se drapaient de neige pour aller défier le ciel. Une sauvage beauté imprégnait ce lieu. Les embruns tourbillonnaient à travers sa farouche mélancolie, puis allaient se perdre dans l'insondable mystère de l’horizon.
La fureur de l’explosion avait tout arraché sur son passage. Au milieu des ruines, une maison éventrée laissait voir l’intérieur d’un salon miraculeusement intact. Là, l’étoffe claire d’une écharpe abandonnait dans cette désolation une fragile réminiscence de la vie.
La mélancolie du brouillard avait emporté l’horizon. Le voyageur avançait sans voir, plus solitaire que jamais. D’où venait ? Où allait-il ? Dans ce crépuscule en noir et blanc, il avait oublié qui il était. Il se noyait dans l’infinité étourdissante de son propre reflet.
Soudain, une ombre jaillit devant les feux de la voiture. Le conducteur écrasa la pédale de frein et scruta les ténèbres immaculées, le cœur battant. Mais la chose avait disparu. Alors, sans prêter attention aux bourrasques de neige qui le harcelaient, il s’aventura dans la nuit.
L’écho de ses pas se réverbérait dans le silence. La magnificence de l’architecture le laissait ébloui, le souffle coupé. Mais une ombre planait sur cette grave splendeur. Pas une voix, pas un souffle, pas un soupir. Le tortueux édifice restait figé dans un mutisme oppressant.
La nuit rougeoyait de l’éclat sauvage du grand feu. Dans l’obscurité des arbres, la lumière des flammes et celle des astres nocturnes s’entrelaçaient pour invoquer les esprits. Elles étaient là, pâles fantômes arrachés au néant, mêlant leurs murmures au crépitement des braises.
Cette minuscule fiole aurait pu sembler insignifiante. Mais ce qu’elle renfermait était bien plus inestimable qu'une simple aigrette de pissenlit. Sous cette forme, la sorcière avait emprisonné l’âme pure d’une jeune fille, aussi fragile et évanescente qu’un vœu confié au vent.
Il s’élança sur son fier destrier, suivi de son écuyer et de sa prise. Enfin il avait capturé le taureau de Minos, l'infernale créature au souffle de feu ! Hercule n’avait qu’à bien se tenir. "V'là qu'Don Quichotte emporte les vaches", soupira un berger en les voyant approcher.
Les montagnes d’Aimsi sont le domaine d’une fée aux ailes d'ébène, Corisandre. Un jour, un pauvre berger trouva un corbeau retenu prisonnier dans un torrent et le délivra. Richesse et bonne fortune devinrent alors ses fidèles compagnes. Corisandre avait récompensé son sauveur...
Le bruit des vagues fut la première chose dont elle eut conscience. Puis vint le froid qui la tétanisait. Alors elle s’aperçut que le monde n’était plus qu’un clair-obscur en noir et blanc. Elle tenta d’invoquer ses souvenirs, mais ils s’étaient volatilisés avec les couleurs.
Au bout du monde se dressait une forêt indomptée, éternellement sublimée par la neige. Une étrange demeure se lovait dans ses méandres. C’était la Maison Espérance, qui recueillait tous les enfants rejetés. Sélénite, l'Enchanteresse de la Lune, veillait sur ce havre de paix.
Les éclairs s'esquissaient sur l'horizon grisâtre, mais il n’était toujours pas rentré. Dès qu’il le pouvait, il s’échappait pour aller voir la mer. Impossible de le retenir. Et Médor allait encore devoir ramener son maître égaré dans l’orage. Les humains sont de tels étourdis !
Le phénomène avait commencé de manière inexpliquée. Un puits de lumière venu de nulle part, dont les rayons traçaient un périmètre infranchissable. Le premier était apparu dans les profondeurs d’une forêt. Puis ces manifestations avaient surgi par centaines tout autour du globe.
Les flots défilaient sous le ciel étoilé, mer d’encre au regard noir prêt à vous entraîner dans ses abysses. Cirdan laissa le sien errer dans l’infinité du ciel et de l’océan, miroirs qui ne se rencontraient qu’au contact du lointain horizon.
Petit extrait de "Lïndariel - Les Deux Dragons" !
Dans la ville, tous connaissaient l’histoire de l’inexplicable massacre qui avait ensanglanté cette demeure. Les parents l’évitaient, les enfants la craignaient. Une ombre maléfique planait sur ses ruines. Nul n'osait franchir le défi fascinant et macabre de son portail.
La future mariée s’approcha du Miroir Interdit. Mais la femme dont elle vit le reflet ne portait ni crinoline, ni corset. Ses cheveux flottaient au vent, sa robe simple se drapait d’une blanche fluidité. Elle s’envolait, libre, loin la prison dorée qui devait lui servir d’avenir.
La sorcière-faucon exécrait voir les humains entraver les animaux et les entraîner dans leurs sanglantes querelles. D’un sortilège, elle changea les chevaux en cavaliers, les soldats en destriers. Nimbés de rage et de poussière, tous s’élancèrent dans une cavalcade endiablée.
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