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La littérature arthurienne au Moyen Âge

Photo du rédacteur: EYEDEYED

Les romans liés à Ivënshyre relèvent en grande partie d’une fantasy médiéviste, qui doit beaucoup à la légende arthurienne. Le court article qui suit se penche brièvement sur la création et le développement de la littérature arthurienne au Moyen Âge.




La "littérature arthurienne" désigne un ensemble d’œuvres romanesques et pseudo-historiques composé par plusieurs générations d'écrivains, présentant une histoire mythique de la Grande-Bretagne et les aventures de sa classe noble et guerrière à l'époque d’un roi légendaire issu de la tradition celtique, Arthur. Ce personnage fut cité pour la première fois au IXe siècle, dans l'Historia Britonum de Nennius, et décrit comme un membre éminent dans la société militaire britannique à l'époque qui suivit le départ des Romains.


Ce fut au XIIe siècle que fut initiée la vogue autour de la légende arthurienne. Geoffrey de Monmouth, clerc de la cour d’Henri II Plantagenêt, la lança dans son Histoire des Rois de la Grande-Bretagne (1135-1138), qui donnait une place importante au roi mythique et combinait aux sources "pseudo-historiques" des éléments légendaires. Puis le Roman de Brut de Wace (vers 1155), qui connut une popularité considérable, marqua un tournant dans l'évolution du cycle arthurien en associant matière historique et littérature.


La littérature arthurienne se diffusa dans les langues européennes à partir de modèles français.

Après Wace et pendant près d’un siècle, la littérature arthurienne se créa en français, et ce fut à partir de ces modèles qu’elle se diffusa dans les autres langues européennes. La légende arthurienne connut deux grandes périodes d’écriture : celle des œuvres épiques et courtoises d’auteurs du XIIe, et celle des écrits de clercs anonymes, tenants de la morale chrétienne, au XIIIe siècle.




Chrétien de Troyes, clerc au service de la cour de Champagne, fonda de la littérature arthurienne française avec ses romans Érec et Énide (vers 1170), Cligès (v. 1176), Lancelot ou le Chevalier de la charrette, Yvain ou le Chevalier au lion (v. 1177-1181) et l’inachevé Perceval ou le Conte du Graal (après 1181). Ses œuvres mirent en scène la rencontre entre l’aventure chevaleresque, la courtoisie et le merveilleux, s’intéressant plus aux parcours d’individus qu’au cadre général, et introduisirent le thème du Graal.


À la même époque, l’auteure Marie de France composa plusieurs lais (de courts poèmes) évoquant le monde arthurien. Le Lai de Lanval mentionne ainsi le roi Arthur et sa cour, tandis que le Lai du chèvrefeuille est consacré à Tristan et Yseut.


La fiction arthurienne en vers, inaugurée par Chrétien de Troyes et Marie de France, connut une diffusion et un développement considérables. Plusieurs romans arthuriens, en vers ou en prose, virent le jour.





Le thème du Graal s’étoffa de quatre Continuations au Conte du Graal (fin XIIe-milieu XIIIe siècle), des romans de Robert de Boron (début XIIIe siècle), qui identifièrent le Graal au vase de la Cène, et du Perlesvaus (1206-1240). De son côté, le cycle dit de la "Vulgate" (1220-1230), également appelé Lancelot-Graal ou Lancelot en prose, retraça l'épopée du royaume d'Arthur depuis ses origines jusqu'à sa chute à travers des romans tels que La Queste del Saint Graal ou encore La Mort le Roi Artu. L’histoire tragique de Tristan et Yseut fut propagée par diverses œuvres littéraires, dont le Tristan en prose (vers 1240) qui connut une importante diffusion.


En plus de nouveaux remaniements du Lancelot-Graal et du Tristan en prose, des textes isolés furent également rédigés, comme L'Âtre périlleux ou le Roman de Silence d’Heldris de Cornouailles aux alentours de 1250. Ce dernier met en scène les aventures d’une héroïne, Silence. À la suite d’un décret interdisant aux femmes d’hériter son père, le comte Cador de Cornouailles, dissimule sa naissance pour préserver ses droits et la fait élever comme un garçon.




La vogue arthurienne perdura aux XIVe et XVe siècles. Parmi la production romanesque tardive, Artus de Bretagne (1296-1305) conte les aventures d'Artus, fils du duc de Bretagne et descendant de Lancelot du Lac. Le roman se situe aux marges spatio-temporelles de l’univers arthurien : Arthur est mort, la quête du Graal achevée ; le cadre du récit est armoricain puis oriental, la Grande-Bretagne n’étant qu’un horizon lointain où les personnages ne se rendent jamais.


La Grande-Bretagne n’est plus qu’un horizon lointain où les personnages ne se rendent jamais.

Melyador (v. 1365 – v. 1380) constitue le dernier grand roman arthurien en vers. Composé par Jean Froissart, il met en scène des personnages tels que Guenièvre, Lancelot, Perceval, Tristan ou encore Yvain, mais ses principaux protagonistes sont inédits.


Le roman en prose "Ysaÿe le Triste" (fin du XIVe siècle ou du début du XVe siècle) raconte quant à lui les aventures du fils de Tristan et d’Yseut après la chute du royaume d’Arthur.


Enfin, dernier témoin de la persistance de la matière arthurienne à la fin du Moyen Âge, le vaste roman Perceforest (milieu du XVe siècle) lie deux grands cycles littéraires médiévaux, la geste d’Alexandre et la quête du Graal, faisant d’Alexandre le Grand l’ancêtre d’Arthur.






Illustrations :

- John Duncan, La Prise d’Excalibur.

- Gustave Doré, illustration pour Idylls of the King.

- Charles Ernest Butler, Le roi Arthur, 1903.

- Newell Convers Wyeth, La lance de Sir Mador se brise en mille morceaux, 1922.

- Herbert James Draper, Lancelot et Guenièvre, vers 1890

- William Henry Margetson, La fée Morgane, 1908.

- Arthur Rackham, Lancelot se bat contre un dragon au château de Corbin, 1917.

- Arthur Hacker, Tentation de Perceval, 1894.

- Eleanor Fortescue-Brickdale, illustration pour Idylls of the King, 1913.

- Henry Justice Ford, Morgane jette le fourreau d'Excalibur, 1902.

- Dante Gabriel Rossetti, La demoiselle du Saint Graal ou Saint Graal, 1874.

- James Archer, La mort d'Arthur, 1860.

- Newell Convers Wyeth, Merlin enlevant l'enfant Arthur, 1917.

- Henry Justice Ford, Lancelot sauve Guenièvre du bûcher, 1908.

- Newell Convers Wyeth, La mort d’Arthur et Mordred, 1917.

- John Collier, Queen Guinevre's Maying, 1900.

- John William Waterhouse, Tristan et Yseut, 1916.

- Edward Burne-Jones, Arthur à Avalon.

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