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Fantasy: definition and sources

Les romans de fantasy liés aux Cinq Épées prennent place dans un monde imaginaire, Ivënshyre. Mais que signifie vraiment le terme fantasy ? Où ce genre puise-t-il ses sources ? Plongez dans la création de ses univers merveilleux.


Tableau, Fantasy - John William Waterhouse, La Dame de Shalott
John William Waterhouse, "La Dame de Shalott", huile sur toile, Tale Britain, Londres, 1888

  Le terme « fantasy » désigne un genre fictionnel mettant en scène le merveilleux dans des cadres imaginaires. Ces derniers peuvent s’inscrire dans des environnements géographiques et temporels variés, parfois réels comme dans Harry Potter (1997-2007) de J.K. Rowling, parfois totalement originaux comme c’est le cas pour le continent de l'Alagaësia créé par Christopher Paolini dans L'Héritage (2003-2011). La fantasy s’exprime sous des formes diverses : romans, dessins, films, jeux de rôle… Elle se base sur des éléments mêlant inédit et familier, réel et irréel, cette fusion permettant de conférer complexité et crédibilité au récit.


  La fantasy en tant que genre apparut pour la première fois en Angleterre durant la seconde moitié du XIXe siècle. Alors principale puissance économique mondiale, l’Angleterre fut la première nation à connaître une industrialisation massive. Cela entraîna de profonds changements économiques, culturels et sociaux, bouleversant autant les modes de vie que les modes de pensée. Dans un contexte culturel foisonnant, certains auteurs choisirent de prendre cette tendance à contre-pied en privilégiant le surnaturel et les mondes enchantés. La première fantasy moderne fut inventée en réponse aux changements radicaux induits par l’industrialisation naissante.


  À partir du milieu du XXe siècle, la fantasy prit une ampleur croissante. Le terme s’imposa en France au tournant du XXIe siècle grâce au succès rencontré par les romans de J.K. Rowling et par les adaptations cinématographiques du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien.


La fantasy est marquée par le merveilleux, mais également par le renouvellement et la réappropriation de motifs mythologiques puissamment ancrés dans la mémoire collective.

  La fantasy constitue donc un genre contemporain. Elle est marquée par le merveilleux, mais également par le renouvellement et la réappropriation de motifs mythologiques puissamment ancrés dans la mémoire collective. En effet, elle prend ses racines dans une tradition ancienne, s’appuyant sur des bases culturelles communes inspirées de mythes, de légendes, d’épopées et de contes ancestraux et variés.


 

Fantasy, tableau, Grèce antique - John William Waterhouse, Ulysse et les Sirènes
John William Waterhouse, "Ulysse et les Sirènes", huile sur toile, National Gallery of Victoria, Melbourne, 1891

  Ainsi, la fantasy se base notamment sur les mythes de la Grèce antique, notamment l’Iliade (VIIIe siècle av. notre Ère), dont le récit du siège de Troie s’émaille de combats héroïques, ou encore l’Odyssée (VIIIe siècle av. notre Ère), qui relate le retour périlleux d’Ulysse dans sa patrie et met en scène un voyage merveilleux regorgeant de créatures fantastiques. Plusieurs éléments se retrouvent dans la fantasy : l’affrontement épique entre le Bien et le Mal, les caractéristiques extraordinaires mais subtiles des héros, l’introduction d’êtres surnaturels, l’importance de la merveille et de la musique…



Fantasy, tableau, mythologie nordique - Edward Robert Hughes, La veillée de la Valkyrie
Edward Robert Hughes, "La veillée de la Valkyrie", avant 1915

  La mythologie nordique influença également la fantasy de manière conséquente. Les aventures des divinités et de héros issus des traditions celtes, germaniques et scandinaves, décrites par exemple dans les Eddas et les Sagas, lui fournirent de nombreuses références, et ce à plusieurs niveaux. Ainsi, les monstres, les actions, les personnages mais aussi les sonorités, comme dans le cas des noms des nains et du magicien Gandalf dans Le Hobbit (1937) de J.R.R. Tolkien, reprennent en partie la mythologie nordique.



Fantasy, tableau, légende du roi Athur - Tristan et Yseult, Edmund Blair Leighton, The End of the Song
Tristan et Yseult par Edmund Blair Leighton, "The End of the Song", huile sur toile, 1902

 

  Une autre source importante que la fantasy s’est réappropriée se manifeste dans la littérature médiévale. La merveille médiévale se trouve, comme bien souvent dans la fantasy, associée au voyage, à la quête, aux marges du monde ordinaire. Au Moyen Âge, le lointain est rattaché au merveilleux et aux créatures fabuleuses. Dans le Devisement du monde (XIIIe siècle), ouvrage relatant les voyages de l’explorateur Marco Polo, l’Orient est décrit comme un espace peuplé d’êtres extraordinaires tels que des hommes à tête de chiens, les cynocéphales. Le merveilleux peut également se manifester dans des lieux plus proches mais particuliers, tels que les forêts. Le motif sylvestre signifie souvent une forme de voyage dans le temps et la rencontre de créatures légendaires, ce qui n’est pas sans rappeler les Elfes du Seigneur des Anneaux (1954-1955). Bien que le merveilleux médiéval, qui désigne des phénomènes sortant de l’ordinaire mais s’inscrivant dans l’ordre divin, diffère de celui de la fantasy, caractérisé par un caractère magique perçu comme foncièrement irrationnel, les liens et les influences demeurent forts. Quant à la légende arthurienne et ses chevaliers, ils se révèlent particulièrement prégnants. Les personnages de Dumbledore et de Gandalf dans Harry Potter et dans le Seigneur des Anneaux peuvent par exemple être considérés comme des héritiers de celui de Merlin.


Le motif sylvestre signifie souvent une forme de voyage dans le temps et la rencontre de créatures légendaires.


Fantasy, tableau, fée - Le portrait d'une fée, Sophie Gengembre Anderson, Take the Fair Face of Woman
Le portrait d'une fée par Sophie Gengembre Anderson, "Take the Fair Face of Woman", huile sur toile, 1869

  Enfin, la fantasy peut être affiliée au conte. Issu d’une forme de récit oral très ancienne, le conte merveilleux naquit véritablement lorsqu’il fut transcrit dans le domaine littéraire, notamment par Charles Perrault au XVIIe siècle et par les frères Grimm au XIXe siècle. Le conte est défini comme un récit fabuleux, profondément lié à l’enfance, court et fortement normé, où les personnages occupent une fonction simple et stéréotypée. Omniprésent dans l'environnement culturel, le conte prit une ampleur particulière en Angleterre à la fin du XIXe siècle. Au même moment naissait la fantasy. Ses premiers écrits furent directement inspirés de la forme de conte alors en vigueur. Elle reprit certains thèmes tels que des personnages (nains, elfes, monstres, fées…) et des motifs (objets magiques...), des structures initiatiques et des archétypes en se revendiquant comme la nouvelle représentante des histoires « éternelles ». Mais les différences se révèlent aussi importantes. Ainsi, la fantasy amplifie et diversifie les structures et les formes, se basant largement sur la création de mondes luxuriants, comme dans L’Histoire sans fin de Michael Ende (1979). Tout en s’appropriant la matière du conte, elle l’enrichie et le module selon des variations hétéroclites.


Reprenant certains thèmes du conte, la fantasy se revendique comme la nouvelle représentante des histoires "éternelles".

  La fantasy constitue un genre sans cesse enrichi qui trouve ses racines dans des sources ancrées dans la conscience collective. Comme ses inspirateurs, elle reprend et renouvelle des codes communs, visant souvent à glorifier le héros et les liens sociaux. Ses enjeux sont à la fois individuels et collectifs. En renouant avec de fortes valeurs humaines comme l’honneur, la loyauté et l’amitié, elle se révèle être un genre noble et puissant, porteur d’émerveillement, héritier des plus anciennes traditions du merveilleux.



  Pour en savoir plus :

  BESSON Anne, « Du conte à la fantasy, anatomie d’une filiation » in Fantasy (en ligne). URL : https://fantasy.bnf.fr/comprendre/du-conte-la-fantasy-anatomie-dune-filiation/. Consulté le 16/04/2020.

  BESSON Anne, « L’Angleterre victorienne, berceau de la fantasy » in Fantasy (en ligne). URL : https://fantasy.bnf.fr/comprendre/langleterre-victorienne-berceau-de-la-fantasy/. Consulté le 16/04/2020.

 BESSON Anne, « FANTASY » in Encyclopaedia Universalis (en ligne). URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/fantasy/. Consulté le 16/04/2020.

  BLANC William, « Médiéval et fantasy : une histoire merveilleuse » in Fantasy (en ligne). URL : https://fantasy.bnf.fr/comprendre/medieval-et-fantasy-une-histoire-merveilleuse/. Consulté le 16/04/2020.

  BRETON Justine, « La légende arthurienne, une histoire en mouvement » in Fantasy (en ligne). URL : https://fantasy.bnf.fr/comprendre/la-legende-arthurienne-une-histoire-en-mouvement/. Consulté le 16/04/2020.

  BRETON Justine, PROVINI Sandra, « De la Grèce antique à la fantasy » in Fantasy (en ligne). URL : https://fantasy.bnf.fr/comprendre/de-la-grece-antique-la-fantasy/. Consulté le 16/04/2020.

  DI FILIPPO Laurent, « Quand le grand nord inspire la fantasy » in Fantasy (en ligne). URL : https://fantasy.bnf.fr/comprendre/quand-le-grand-nord-inspire-la-fantasy/. Consulté le 16/04/2020.

  FIMI Dimitra, « Why build new worlds » in Times Literary Supplement, 2017. URL : https://www.the-tls.co.uk/articles/fantasy-worlds-invention-restraint/. Consulté le 16/04/2020.



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